samedi 23 septembre 2017

Grenier

Pousse la porte séculaire, ferme les yeux.
Le loquet couine, l’effraie s’effraie et s’enfuit quand racle le seuil.
Elle n’a plus d’âge désormais ou peut-être le même !
D’entre les romaines, quand dehors gèle,
les rais obliquent, flottent, vibrent,
s’entrecroisent tels vitraux en cathédrale.

Sur les lames gondolées de vieux chêne,
la petite fille est là, à sautiller de terre à ciel
dans des odeurs de pain d’épice et de bâtons d’étincelles.
Les poussières d’étoiles s’animent, lui servent de palet.
Puis d’un coup, entre chantignole et contre-fiche,
les nattes disparaissent.

Te retourne, c’est le temps des copains.
En cachette, quand dehors brûle,
les yeux brillent, les baisers sentent le diabolo menthe,
les seins le sel et l’herbe sèche.
On en oublie les pholques et les cœurs s’affolent.
Marelle devient canapé et plancher velours déchiré.

A cloche-pied de deux à trois et de cinq à six, les années ont filé.
Tu n’y viens plus désormais que pour ranger les vieilles affaires,
les livres écornés, les souvenirs fanés.
Les parents sont partis, le temps te prend et t’attend.
La porte se referme et floute les visages.
L’effraie est de retour et l’âme des objets s’évanouit.


© Ginval  - Tous droits réservés.

Le Minet

Trognon tout plein mon mignon chaton au pied de l’arbre !
Babine conquérante, frimousse espiègle, de ton œil rigolard,
sur ton derrière, la queue en rond, tu mates la cime.
Hop, tu files, hop, tu t’élèves et fonces vers les nuages.
Puis la griffe devient incertaine, la tête se retourne et te tourne.
Tu fixes le vide et tu miaules.

Tout con tout plein mon mignon chaton en haut de l’arbre !
Babine tremblotante, frimousse angoissée, de ton œil rond,
derrière en arrière, la queue en long, tu mates en bas.
Han, tu plantes la griffe, han, tu plantes l’autre, te prends pour limace.
Enfin voilà le sol qui te rassure et les rires du maître qui t’exaspèrent.
Tu tournes le dos et tu boudes.


© Ginval  - Tous droits réservés.