vendredi 30 décembre 2016

Illusions

Trois de secondes et trois de nombre,
ces feuilles qui dégringolent vers ombre
de tronc, en demi-sommeil hivernal,
chuchotent, susurrent, s’étalent,
pirouettent, s’entrechoquent, se parlent,
se disent, dans la bourrasque fatale,
« enfin libres et quelle cavale ! »

Trop plein et trop délié l’ocre flétri de cette feuille !
Te saute à la figure comme vieux manuscrit
que souvenirs en gerbe éclaboussent.
Te voilà, larme à l’œil, tout déconfit !
Mais réagit et préfère, au passé défiguré des écrits,
du présent la douce frimousse
et les bons moments que l’on troussent.

D’un pouce recueilli, oint la feuille, telle extrême onction.
Puis, vers le feu rédempteur, les pensées en chamade,
Au crématorium des choses inutiles, jette ce bout de rien.
Le voilà qui se recroqueville, grimace rouge comme fard,
puis noircit, se décompose et régurgite du blanc,
du transparent, de la poussière d’éternité.
Te voilà satisfaite !


© Ginval  - Tous droits réservés.

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